Dans Rosemead, Eric Lin nous offre une histoire modeste et émouvante sur l’isolement domestique et la santé mentale au sein de la communauté asiatique américaine. Le film, qui fait sa première au festival de Tribeca, met en vedette Lucy Liu dans le rôle d’Irene, une mère chinoise courageuse luttant contre une maladie terminale tout en affrontant la dure réalité des troubles de la santé mentale de son fils, Joe (interprété par un excellent Lawrence Shou). Autrefois élève brillant et nageur réputé au lycée de Rosemead, Joe a vu ses problèmes psychologiques latents se réveiller après la mort de son père, entraînant une descente dans la souffrance.
De nombreuses communautés d’immigrés choisissent souvent d’ignorer les défis liés à la santé mentale ou perçoivent les symptômes comme le signe d’une déviance spirituelle. Cela complique l’accès à l’aide pour ceux qui en ont besoin. Inspiré d’une histoire vraie, Rosemead révèle avec compassion les différentes strates — allant du rejet communautaire à des réponses étatiques insuffisantes — que l’on rencontre en cherchant du soutien. La dimension intime du film, qui se déroule dans une petite banlieue californienne sur quelques semaines avec des plans rapprochés (cinématographie de Lyle Vincent), en fait une représentation précieuse d’un aspect de la vie américaine souvent ignoré.
Rosemead
Conclusion
Intime et percutant.
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Lieu : Festival du Film de Tribeca (Compétition Narrative Américaine)
Distribution : Lucy Liu, Lawrence Shou, Orion Lee, Jennifer Lim, Madison Hu, James Chen
Réalisateur : Eric Lin
Scénariste : Marilyn Fu
1 heure 37 minutes
Lin, s’inspirant d’un scénario de Marilyn Fu, nous plonge dans le quotidien d’Irene. Ses journées n’ont pas toujours été aussi éprouvantes, mais depuis le décès de Charles (interprété par Orion Lee dans des flashbacks), elle doit gérer toute seule l’imprimerie et surveiller la prise de médicaments de Joe. Elle peine même à trouver le temps de se rendre à ses séances de chimiothérapie, qu’elle cache à son fils.
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Liu se transforme dans un rôle qui requiert de l’actrice habituellement glamour d’incarner un personnage plus humble. Irene porte des pulls oversized et des mocassins (costumes de Vera Chow), ses cheveux tirés en une queue de cheval peu soignée. La performance de Liu est marquée par son engagement à incarner l’état d’angoisse d’Irene. Elle met en avant la fierté et la nature discrète du personnage, tout en tentant de donner vie à l’accent d’une récente immigrée chinoise.
Durant la majeure partie de Rosemead, Irene maintient que Joe va bien, et ce désir flou de normalité l’emprisonne. Avant de montrer la profondeur de son désespoir, Lin prend le temps d’établir les rythmes de la vie de cette mère. Lorsque nous rencontrons Irene pour la première fois, elle récupère son fils après sa séance de thérapie hebdomadaire. Son thérapeute, le Dr Hsu (James Chen), lui conseille à nouveau de participer aux réunions, affirmant que sa présence pourrait encourager Joe, qui fête bientôt ses 18 ans, dans sa réhabilitation. Irene refuse doucement, insistant sur le fait que Joe revient à son état habituel.
Cependant, Joe ne va pas bien. L’adolescent éprouve des difficultés à l’école, où il a du mal à se concentrer et passe ses cours à dessiner des images troublantes dans son carnet. Certains de ses amis — interprétés par Madison Hu et Anzi DeBenedetto — essaient de l’aider en l’invitant à sortir, mais Joe préfère souvent être seul.
Lin illustre l’expérience de Joe avec la schizophrénie à travers de brèves montages frénétiques. Les coupes nerveuses de Joseph Krings, alliées à la musique inquiétante de Will Bates, soulignent l’angoisse qui règne dans l’esprit de Joe. Lin renforce cette perception par des scènes montrant Joe partageant en ligne que ses médicaments affaiblissent sa volonté et devient obsédé par les fusillades dans les écoles. Shou, dans son premier rôle au cinéma, parvient habilement à traduire les humeurs capricieuses d’un adolescent luttant contre ses propres démons. Il se montre particulièrement convaincant dans les scènes où Joe tente d’éclipser des hallucinations visuelles et auditives en se remémorant des souvenirs heureux avec sa mère et son père. Dans ces moments-là, Shou utilise une physicalité marquée pour illustrer la lutte du personnage.
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On pourrait souhaiter que Rosemead soit plus explicite sur l’intensité et les raisons de la fixation de Joe sur ces tragédies. Cela aurait peut-être permis au film de contrer plus efficacement l’idée reçue selon laquelle la schizophrénie, ou d’autres problèmes de santé mentale similaires, entraînent des tendances violentes. Bien que le médecin de Joe souligne ce point, certaines parties de Rosemead flirtent trop avec des tropes éculés sur la maladie mentale.
Ce que Rosemead réussit bien, c’est de montrer comment une culture du silence engendre la peur. Lin dépeint des scènes où Irene et Joe doivent faire face au jugement des membres de leur communauté, ainsi qu’à des responsables scolaires condescendants tentant de faire des problèmes de Joe ceux d’un autre. À mesure que la santé mentale de Joe se détériore, Irene réalise que son fils ne prend pas ses médicaments. Elle découvre des preuves de son obsession pour les fusillades scolaires et s’efforce de gérer la situation avec un désespoir à la fois discret et palpable.
Ici, Lin change légèrement de ton, ajoutant des éléments de thriller pour intensifier les enjeux. Irene s’efforce de prévenir toute violence de la part de son fils tout en dissimulant l’aggravation de son état à sa meilleure amie Kai-Li (Jennifer Lim). Ses choix sont troublants dans leur conséquences, et ce qui avait commencé comme un portrait intime d’une mère et son fils évolue vers une étude psychologique éprouvante d’une femme qui a l’impression de ne disposer d’aucune option.
Je trouve cet article vraiment intéressant, il aborde des points que je n’avais jamais considérés !
En réponse au premier commentaire, je pense que l’article est trop bref, il manque de détails. 🤔
Je suis d’accord avec ce qui a été dit précédemment, mais il faut admettre que l’auteur a couvert l’essentiel, non ?
Puisque vous parlez de détails, moi j’ai trouvé que certaines parties étaient un peu floues…