Il n’est jamais vraiment opportun pour le petit frère de Mags Malloy de débarquer sans prévenir. Pourtant, lorsque Merritt arrive au début de Leads, Mags est au bord de l’effondrement. Approchant de la cinquantaine, elle élève une fillette de 7 ans tout en tentant de joindre les deux bouts, enseignant le théâtre à des étudiants universitaires et grappillant quelques auditions ; c’est d’ailleurs pendant qu’elle filme une auto-audition que son coup frappé interrompt la tranquillité de sa soirée. À l’instar de la glacière remplie de saumons d’Alaska autrefois frais qu’il lui offre, les bonnes intentions de Merritt semblent souvent se retourner contre lui.
Cependant, ce film se révèle globalement réconfortant. En plus de la multitude de tensions et d’explosions que Merritt provoque, des percées potentiellement décisives émergent. Centré sur deux performances centrales solides, le film de Bryan Poyser capte des vérités émotionnelles sans s’y vautrer, tout en intégrant quelques répliques mordantes sur les espoirs et attentes transactionnels qui sous-tendent tant de relations au sein de la machine du succès à Hollywood et aux alentours.
Leads
Résumé
Attentif et animé d’un optimisme bien mérité.
À lire Un document puissant et tendre sur les interdictions des soins de validation du genre
Lieu : Festival du film de Tribeca (Compétition narrative américaine)
Distribution : Heather Kafka, Justin Arnold, Macon Blair, Yesenia García Herrington, Aaliyah Tardio, Wade Smith, Sara Paxton
Réalisateur-scénariste : Bryan Poyser
1 heure 41 minutes
Mags (Heather Kafka, connue pour avoir joué dans la comédie noire de Poyser en 2010 Lovers of Hate) a été laissée pour compte par quelques ambitieux du showbiz : le père irresponsable de sa fille, star de la télévision, et surtout le réalisateur de Sunspots, un ancien succès au Sundance où elle avait brillé. Quand l’un de ses étudiants, levant les yeux vers l’affiche accrochée dans le bureau de Mags, l’interroge sur ce film, elle se sent submergée, ravivant des souvenirs d’optimisme juvénile et certaines blessures non cicatrisées. Dans quelques jours, elle accueillera sur le campus le réalisateur Taylor Betts de Sunspots. Détenteur d’un succès dans une franchise d’horreur, son lien avec lui, même fragile, représente également la valeur qu’elle apporte au corps professoral pourtant établi.
À lire Guy Pearce et Cosmo Jarvis dans un drame carcéral australien
Se déroulant dans une version légèrement fictive de l’Université d’État du Texas (où Poyser enseigne), Leads jette un regard à la fois affectueux et ironique sur le jargon et les exercices d’acteurs. Lorsque Mags utilise l’« inventaire personnel » de l’acteur comme une arme contre son frère — un intrus dans son cours — les 19 ans présents assistent à cet échange cinglant dans un silence incrédule.
La visite de Merritt est inattendue, mais le chaos qu’il engendre ne l’est pas. Kafka laisse percevoir dès le départ la condescendance et la méfiance de Mags, la façon dont elle se tend autour de celui qu’elle considère comme un « danger ambulant ». Lorsqu’elle n’est pas en train de bouillonner, elle fait preuve d’un mépris froid. Mais Merritt dégage une résilience imposante. Joué avec vivacité par Justin Arnold (qui a participé à Love & Air Sex de Poyser), il conserve le accent que sa sœur a abandonné il y a des années pour sa carrière d’actrice. Aimant s’illustrer, il a exercé des métiers variés, tels que surveillant de feux, clown de rodéo et barman. C’est aussi un grand enfant qui vit tout à fond — comme le montre le petit-déjeuner qu’il prépare pour Mags et sa fille, Jo (Hazel Poyser). Son enthousiasme masque une certaine désespérance, mais révèle également, lors d’une scène clé, un refus de céder aux cruautés de la vie.
Depuis qu’il a récemment commencé la guitare, Merritt montre des talents de chanteur-compositeur. Mais lorsqu’il apprend le cachet que pourrait lui rapporter le spot commercial pour lequel Mags vient d’auditionner, il décide de tenter sa chance dans le jeu d’acteur et s’introduit dans son cours. Pour accentuer la rivalité fraternelle, il traine hors campus avec certains de ses étudiants — très bien interprétés par Wade Smith, Evan Marsh, Kat Adams, Tyra Williams, Ethan Cruz et Jordan Jarvis. Il intervient également dans une situation particulièrement délicate entre Mags et sa meilleure étudiante, Alisha (interprétée avec sobriété par Aaliyah Tardio), impliquant une attraction inattendue qui, bien que légèrement forcée, reflète l’état d’esprit de Mags.
Dans le rôle du cinéaste en visite, Macon Blair (Oppenheimer) offre un portrait subtil et précis d’un Hollywood empreint de confiance, camouflé sous une apparence décontractée. Lorsque Mags rencontre Taylor à son hôtel, il réussit habilement à lui rendre hommage tout en gardant ses distances (et en lui rappelant son statut) : un appel Zoom avec la principale actrice (Sara Paxton) de ses films Cursor, qui exprime son admiration sincère pour la performance de Mags dans Sunspots. Un autre rappel de son moment dans la lumière, désormais émoussé.
À lire La ‘Re-création’ de Jim Sheridan met une affaire de meurtre irlandais non résolue en procès
À chaque étape, Poyser et la directrice de la photographie Ellie Ann Fenton saisissent l’interaction avec une justesse adéquate, et les contributions à la conception des personnages de Courtney Voss servent également l’histoire sans se faire remarquer. Au cœur de Leads se situe le jeu entre deux notions égarées : l’idée de liberté de Merritt et le fardeau de responsabilité que Mags porte avec une attitude épuisée. En fin de compte, Merritt fait bien plus que rappeler à sa sœur en perpétuel travail qu’elle possède un foyer avec un brasero dans le jardin, qu’elle pourrait apprécier. Il transforme des inquiétudes latentes en désastres explosifs, et allume en sa sœur le courage d’un au revoir cathartique au moins. Parfois ironique et d’autres fois enjoué, Leads propose des leçons inattendues sur la façon de provoquer des troubles, de lâcher prise et de trouver la clarté dans le désordre.
Je trouve cet article vraiment intéressant, il aborde des points que je n’avais jamais considérés !
En réponse au premier commentaire, je pense que l’article est trop bref, il manque de détails. 🤔
Je suis d’accord avec ce qui a été dit précédemment, mais il faut admettre que l’auteur a couvert l’essentiel, non ?
Puisque vous parlez de détails, moi j’ai trouvé que certaines parties étaient un peu floues…