Le principe de la justice réciproque — « Un œil pour un œil » — remonte au Code de Hammurabi ainsi qu’à divers textes religieux, mais a été remis en question par des sources bibliques (« La vengeance est à Moi, Je ferai justice »), des œuvres de Shakespeare (« La qualité de la miséricorde n’est pas contrainte »), et bien d’autres dictons (« Un œil pour un œil rend le monde entier aveugle »).
Dans An Eye for an Eye, Tanaz Eshaghian et Farzad Jafari mettent à l’épreuve les notions de justice, de vengeance et de miséricorde dans un documentaire à la fois intense, émouvant et provocateur. Bien que le film de 84 minutes laisse de côté de grandes idées pour explorer des thèmes plus intimes et percutants, le récit mesuré des réalisateurs est admirable et aurait pu dériver s’il avait tenté de répondre à toutes les questions qu’il soulève.
Un œil pour un œil
L’Essentiel
Très efficace, mais limité dans son approche.
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Lieu : Festival du Film de Tribeca (Compétition Documentaire)
Réalisateurs : Tanaz Eshaghian et Farzad Jafari
1 heure 24 minutes
Situé à Téhéran et ne présentant que les aspects du système judiciaire iranien immédiatement pertinents, An Eye for an Eye se concentre sur Tahereh, libre sous caution après avoir purgé 14 ans de prison pour le meurtre de son mari. Elle a déclaré avoir étranglé Hossein après des années de violence liée à la drogue, craignant pour ses jeunes filles et son fils Mohsen. Le système n’a pas prêté attention à ses préoccupations.
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La vie de Tahereh est dans l’incertitude. Son destin est entre les mains de son beau-frère, Bashir, qui doit prendre une décision apparemment impossible : selon ses paroles, Tahereh peut être exécutée ou Bashir et sa famille peuvent négocier un paiement en échange de sa clémence. Sa mère souhaite la mort de Tahereh, surtout depuis que celle-ci n’a montré aucun remords.
De plus, Tahereh et ses enfants n’ont pas les moyens financiers nécessaires, ni d’opportunités pour gagner de l’argent dans un pays au bord de la rébellion ou de l’effondrement économique. Mohsen, qui s’est d’abord senti trahi par le crime de sa mère, pense maintenant qu’elle devrait se battre davantage pour sa vie, que son oncle et sa grand-mère devraient considérer le reste de la famille apparemment innocente.
Aussi captivant que soit ce dilemme de vie ou de mort, il est difficile de regarder An Eye for an Eye sans envisager des versions qui auraient pu être plus larges.
Les réalisateurs montrent la nécessaire inquiétude, sinon la condamnation, de la loi fondée sur la religion, conçue pour affirmer le patriarcat. Il est intéressant de noter que l’avocat de Tahereh est une femme, tout comme les divers défenseurs anti-exécution qui interviennent comme médiateurs au début de l’affaire (avant une rencontre avec un tribunal judiciaire composé uniquement d’hommes). Les questions liées aux mécanismes genrés de ce processus surgissent tout au long du film, mais Eshaghian et Jafari ne cherchent pas à en faire un documentaire idéologiquement militant, même si cela aurait pu restreindre les thèmes abordés concernant les horreurs de la vie des femmes en Iran moderne.
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Tahereh est victime, mais le documentaire reste flou sur le crime central. Elle a pris seule la responsabilité, bien que ses deux filles aient d’abord déclaré avoir participé au meurtre et à la dissimulation du corps — deux versions des faits qui contredisent l’histoire initiale que Mohsen, âgé de six ans à l’époque, a racontée à la police. Les réalisateurs font intervenir un journaliste local et un agent de la loi pour pointer les éléments de l’affaire qui ne s’alignent pas — en particulier l’implication supposée d’un homme invisible nommé Hamed.
S’agissait-il d’un crime passionnel ou prémédité ? Peut-on choisir entre les versions que nous connaissons ou quelque chose de plus tordu se cache-t-il derrière cela ? Pourquoi les hommes au pouvoir semblent-ils si désireux de punir Tahereh tout en étant si sceptiques quant à la possibilité qu’une femme ait pu commettre ce crime ? Avec l’appétit insatiable du public pour les documentaires criminels, certains spectateurs seront perplexes et même frustrés par le refus des réalisateurs de jouer les reporters d’investigation ou les détectives.
La question simple qu’Eshaghian et Jafari veulent sans doute que les amateurs de mystères se posent est : « Ce qui s’est passé a-t-il encore de l’importance à ce stade ? » Les choix que fait Tahereh et sa famille — concernant la manière de rassembler de l’argent et comment solliciter la miséricorde de la famille d’Hossein — ne sont plus influencés par ce qui a pu se passer ou non. Il n’est pas non plus vraiment pertinent que ce soit un système défaillant qui ait donné à Bashir et à sa famille ce pouvoir de vie et de mort sur des personnes que, dans une autre réalité, ils auraient considérées comme des membres de leur famille. Ce ne sont pas des croisés ou des symboles ; ce sont des personnes ayant des choix à faire, indépendamment de la justesse des institutions impliquées.
Le documentaire évolue au sein de ces conversations lourdes qui se déroulent, de manière remarquable, sous l’œil de la caméra — les débats et négociations, les supplications et manipulations. Je ne pense pas qu’il soit erroné de souhaiter que le film contienne un peu plus d’enquête ou un peu plus d’activisme. Mais à mesure que le drame s’intensifie, il est difficile de s’attarder sur ces aspects et il est facile de s’investir dans le désespoir croissant de Mohsen et dans la résistance presque indéchiffrable de Tahereh à demander ou se battre pour sa vie.
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Le documentaire parvient à susciter une certaine empathie pour la famille d’Hossein, même si ce dernier est perçu comme le vilain de l’histoire et Tahereh comme la victime. Nous assistons à la délibération de Bashir entre l’argent qui pourrait aider sa famille en difficulté et le maintien d’un cycle de violence qui pourrait ne pas leur apporter la paix.
Même si le documentaire trouve une résolution, les questions tant directement soulevées que tacitement insinuées persistent de manière complexe.
Je trouve cet article vraiment intéressant, il aborde des points que je n’avais jamais considérés !
En réponse au premier commentaire, je pense que l’article est trop bref, il manque de détails. 🤔
Je suis d’accord avec ce qui a été dit précédemment, mais il faut admettre que l’auteur a couvert l’essentiel, non ?
Puisque vous parlez de détails, moi j’ai trouvé que certaines parties étaient un peu floues…