Les comédies musicales ont toujours été une grande tendance à Hollywood (et Bollywood), mais il ne faut pas oublier que la France a également apporté sa part au genre. À commencer par Jacques Demy, dont Les Parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort sont des classiques indétrônables. D’autres talents français ont exploré le musical au fil des ans, comme Jean-Luc Godard (Une femme est une femme), Alain Resnais (On connaît la chanson), Christophe Honoré (Chansons d’amour), François Ozon (8 Femmes), Léos Carax (Annette) et, tout récemment, Jacques Audiard (Emilia Perez).
Ce qui unit la plupart de ces films est un mélange inattendu de réalité avec des chansons et des danses. Il n’existe pas d’équivalent de Broadway à Paris, et donc pas de longue tradition de comédies musicales sur scène. Ainsi, beaucoup de films français se déroulent dans des lieux réels, avec des personnages qui, à un moment donné, se mettent à chanter ou à danser. Demy a été le premier à réaliser cela, tournant ses comédies musicales dans deux stations balnéaires françaises, établissant un standard souvent imité depuis — notamment avec les narcos mexicains flamboyants d’Audiard (même si ce film a été tourné dans un studio à Paris, tout y a été conçu pour paraître le plus réaliste possible).
Leave One Day
L’essentiel
À la fois accrocheur et prévisible.
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Lieu: Festival de Cannes (Ouverture)
Distribution: Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin, Tewfik Jallab, Dominique Blanc
Réalisatrice: Amélie Bonnin
Scénaristes: Amélie Bonnin, Dimitri Lucas
1 heure 38 minutes
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La réalisatrice débutante Amélie Bonnin tente de préserver la tradition dans Leave One Day (Partir Un Jour), une dramedy rurale dans laquelle, sporadiquement, les personnages se mettent à chanter et à danser. Cela se déroule dans des cuisines de bistro, des foires rurales, des barbecues nocturnes arrosés et des boîtes de nuit kitsch, ainsi que dans d’autres lieux de la région du Loir-et-Cher où le film a été tourné. Dans presque chaque numéro, ils sont dirigés par la chanteuse française populaire Juliette Armanet, qui fait ses débuts dans un rôle principal en tant que Cécile, une chef célèbre rentrant chez elle pour aider dans le restaurant familial.
Ce qui arrive à Cécile est un peu plus prévisible que toute cette musique surgissant de nulle part : elle croise son amoureux de lycée, Raphaël (Bastien Bouillon), un local gérant un garage et toujours amoureux de son ancienne petite amie. Pendant ce temps, ses parents (Dominique Blanc et François Rollin) peinent à maintenir à flot leur entreprise familiale, surtout après que son père a eu une crise cardiaque, ce qui pousse Cécile à rentrer. Et n’oublions pas son petit ami actuel, Sofiane (Tewfik Jallab), un concurrent de Top Chef avec qui elle s’apprête à ouvrir un nouveau restaurant très attendu à Paris.
Bonnin, qui a adapté le scénario avec Dimitri Lucas à partir de son court-métrage primé au César, propose un scénario classique sur le retour aux sources agrémenté de quelques observations pertinentes et d’un certain charme. Malgré un décor qui pourrait convenir à un film des frères Dardenne, Leave One Day ne sombre jamais dans le misérabilisme ou ne livre pas des numéros musicaux boueux à la Lars von Trier dans Dancer in the Dark. Ce qui arrive peut être un peu sombre par moments, mais le ton reste généralement joyeux.
Cela est en grande partie dû aux séquences musicales, que Bonnin intègre sans préavis. Dès la première scène, où Cécile et Sofiane interprètent une version improvisée du morceau de rap de Stromae, “Alors on danse,” le ton est donné pour un film où la musique crée une ambiance plutôt que de raconter une histoire. La plupart des chansons ne sont pas, en réalité, des compositions originales, mais plutôt des tubes de Céline Dion, Claude François ou Michel Delpech (peu de gens en dehors de la France connaissent ces deux derniers) retravaillés par une équipe de sept compositeurs.
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Leave One Day s’avère donc moins une comédie musicale qu’un musical de karaoké — ou peut-être un musical Spotify tiré d’une playlist intitulée “Mes chansons préférées.” Il s’apparentera davantage à On connaît la chanson de Resnais, qui utilisait des standards de la chanson française d’une manière inédite et qui avait été un grand succès local à sa sortie en 1997. Cependant, ce film n’a pas trouvé beaucoup d’écho à l’étranger, et il est probable que le film de Bonnin s’adresse principalement aux pays francophones où Armanet est une artiste appréciée.
La chanteuse s’affirme avec assurance à l’écran, peut-être plus lorsqu’elle chante que lorsqu’elle joue, bien qu’elle s’en sorte également de manière convaincante. Cécile est souvent critiquée par son père et son ancienne bande pour être devenue une célébrité et avoir trahi ses racines, surtout lorsqu’elle rabaisse la cuisine riche en calories de ses parents. Sa position est délicate — compliquée par le fait qu’elle est enceinte et n’en a parlé à personne. Armanet réussit à incarner ces conflits sans excès, montrant à quel point Cécile est facilement charmée par sa ville natale, surtout quand elle passe plus de temps avec le séduisant Raphaël.
Le point culminant musical du film est sans conteste la scène où ils revisitent la patinoire où ils traînaient à l’adolescence, revivant une romance terminée trop rapidement. Bonnin met en scène cette séquence sur le morceau décalé du rap de 2004 “Femme Like U,” lors duquel les acteurs interprètent son refrain ridicule — “Donne-moi ton coeur baby, ton corps baby…” (“Donne-moi ton cœur baby, ton corps baby… ») — en glissant ensemble sur la glace.
Tant Armanet que le talentueux Bouillon (La Nuit du 12) donnent le meilleur d’eux-mêmes à ce moment, patinant, chantant et se délectant de la nostalgie que Leave One Day véhicule, tant musicalement que thématiquement. Bonnin nous propose le même type de confort culinaire que les parents de Cécile servent aux routiers, facile à apprécier mais finalement un peu fade. Elle a réalisé un film feel-good sur des personnages qui, pour la plupart, ne se sentent pas très bien, laissant le spectateur avec un goût agréable qui s’estompe dès que la dernière chanson prend fin.
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Je trouve cet article vraiment intéressant, il aborde des points que je n’avais jamais considérés !
En réponse au premier commentaire, je pense que l’article est trop bref, il manque de détails. 🤔
Je suis d’accord avec ce qui a été dit précédemment, mais il faut admettre que l’auteur a couvert l’essentiel, non ?
Puisque vous parlez de détails, moi j’ai trouvé que certaines parties étaient un peu floues…